Vielle Aure le 24 Août 2012, le Grand Raid des Pyrénées.
Nous y voici après s'être inscrit il y a un peu plus de 6 mois et 3 derniers mois d'entrainement spécifique avec les trails dans le Cantal et en Aveyron.
Je sais que cette épreuve est importante, ne sera pas de tout repos et qu'il y a parfois beaucoup d'abandon... Mais je sais également que ce terrain de jeu, que sont les Pyrénées, sera un vrai régal pour les yeux et le moral!
Il s'agit d'un Ultra trail de 160 kms avec D+ 10000m au départ de Veille Aure en passant par le col de Portet, le Pic du Midi, Hautacam, Cauterets, le col de Barèges et retour au Portet et Veille Aure
Le départ sera donné le Vendredi 24 Août à 5h00 avec des barrières horaires et une durée de course maxi de 50 heures
Le jeudi est consacré au repos, la sieste, à la remise du dossard, le contrôle du contenu du sac (suite à l'année passée et des conditions de course difficile, le matériel obligatoire est vérifié)
La relève est présente et a déjà
les bons réflexes!
En fin d'après midi c'est l'heure
de briefing et des consignes de courses.
C'est à ce moment là que la direction de course nous a annoncé que la course sera retardée de 2h en raison d'un fort vent prévu au Pic du
Midi. Ces 2 heures de décalage devraient nous permettre d'accéder au Pic et ainsi permettre son ascension.
La journée de Vendredi sera
ensoleillée et chaude mais plus supportable que les jours précédents
et la forte chaleur.
Il est
22h00, une nuit calme en prévision avec 2 heures de sommeil supplémentaire!
Ze Team au grand complet pour
cette formidable aventure. On reconnaitra qu'on est aussi stressé l'un que
l'autre par la journée qui nous attend
Veille Aure se réveille au rythme des 800 participants qui vont prendre part à cette magnifique épreuve.
Le raid de 240 km est parti depuis Mercredi et le Samedi ce sera au tour du Grand Trail de 80 km.
Les 1ères foulées nous font traverser Veille Aure et rejoindre les 1ère pentes en direction du Soulan et son Village
800 concurrents dans des chemins étroits, ralentis par des barrières qui jalonnes les prairies, ça fini par faire des bouchons et on a même le temps de se croiser les bras...
Passé ces obstacles, le rythme de la course reprend et maintenant il sera possible de progresser à son rythme en alternant marche et course.
L'ascension jusqu'au Col de Portet représente D+ 1420m mais celle ci n'est pas trop violente et passe bien dans les jambes... jusque là tout va bien!
Les 2 photos suivantes ont été prises par Virginie sur la course du 80 km qui était partie comme prévue à 5h00 du matin.
Col de Portet au révéil.
Yamamoto Kenichi, le vainqueur de l'Ultra, sur toute la course je ne l'aurais aperçu qu'au travers de ce cliché...
1er ravitaillement au Col de Portet ou je retrouverais Virginie, ainsi que Marie-Annic & Gérard les propriétaires de la ferme de Gayri (gites et chambres d'hôtes), qui l'ont accompagné.
Le plein fait, je repars pour cette fois poursuivre la course sur les 1er sentiers de montagne au travers de la réserve naturelle de Néouvielle, ses paysages, ses lacs.
Des spectateurs inhabituels dans notre région
C'est aussi ça le trail, se faire plaisir au travers des paysages traversés.
C'est lors de ces moments que je pense au commentaire de Oscar Perez Lopez
"J'ai toujours été attiré par les sommets, cependant avec humilité quand je suis là haut, j'ai toujours le doute de savoir s'il faut que je redescende dans les vallées ou si je dois rester là haut pour toujours. Aujourd'hui, j'ai la chance de sentir à nouveau ce sentiment de toujours vouloir retourner là haut."
Les lacs de Bastan.
Le Col de Bastenet est en vue (2507m).
Maintenant c'est la descente vers Artigues. Je suis rassuré sur ma préparation, car en effet je ne me suis pas entrainé avec beaucoup de dénivellé (à part le marathon de Berganty et le Tripou trail) mais les sensations sont bonnes et par expérience je suis capable de sentir rapidement si la forme est au rendez vous, même si je sais que le sentier est encore long.
La vidange du lac de Gréziolles nous oblige à être prudent et faire les équilibristes si on ne veut pas avoir les pieds trempés.
J'aime ces paysages de cahots que nous offre la nature.
L'arrivée à Artigues pour le 2éme ravitaillement de la journée. Je retrouverais ma fidèle supportrice Virginie, qui jusqu'au Sencours pourra me suivre. Arrivé dans la vallée je sens bien la présence de la chaleur mais je ne souffre pas de déshydratation, seul les problèmes pour ingurgiter mon ravitaillement commence à se sentir.
Thierry me précède d'environ 1/2 heures.
Ensuite c'est une longue montée d'environ 2 heures vers le col du Sencours.
Arrivé à celui ci le vent annoncé est bien présent et il ne me permettra pas de monter au Pic du Midi.
Thierry m'y précédera d'1/4 d'heure et informe Virginie qu'il m'attendra à Vilelongue pour que l'on s'accompagne durant la nuit.
Le Pic du Midi en arrière plan.
Je prendrais un rapide ravitaillement (le local est vraiment trop exigu pour s'y attarder) et repartirai en direction de l'Hautacam et Villelongue.
A ce moment là les difficultés pour manger s'accentuent mais je me dis que je dois pouvoir gérer car le physique est bon et à part quelques échauffements aux pieds, tout va pour le mieux.
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Dans la descente je me rendrai compte que dans la précipitation je n'ai pas fait le plein de boisson énergétique. Mais comme je prévois toujours des pastilles pour traiter l'eau je prendrai le temps de faire le plein dans un des lacs rencontrés.
En continuant notre ascension vers les cols suivants on devine dans notre dos le Pic du Midi.
Fin d'après midi le brouillard commence à s'installer et on aura quelques gouttes de pluies entre Hautacam et Villelongue.
Ensuite c'est une succession de chemins et GR jusqu'à l'Hautacam et Villelongue, cette dernière étape doit nous permettre de nous changer et se restaurer avec du consistant autre que barres et pâtes de fruit.
A Villelongue je ne retrouverais pas Thierry. A ce moment là je pensais qu'il avait trop d'avance et n'avait pas souhaité m'attendre. Le lendemain j'apprendrais qu'il avait abandonné en raison de déshydratation. Depuis tout est revenu dans l'ordre puisqu'il a reprit également l'entraînement.
A Villelongue je ne retrouverais pas Thierry. A ce moment là je pensais qu'il avait trop d'avance et n'avait pas souhaité m'attendre. Le lendemain j'apprendrais qu'il avait abandonné en raison de déshydratation. Depuis tout est revenu dans l'ordre puisqu'il a reprit également l'entraînement.
La nuit va être faite de doute et question car en l'absence d'appétit je me demande si je dois poursuivre. Je poursuis l'ascension jusqu'au Pouy Droumide et me ravitaille tant bien que mal. Après discussion et réconfort auprès d'un bénévole je décide de poursuivre en direction du Cabaliros. Entre temps je m'arrêterais 2 heures pour dormir dans une cabane ouverte aux randonneurs. La 1ère chose que je fais en me réveillant est d'essayer de m'alimenter mais toujours pas possible...
Il est 7h00 du matin je viens de passer le Cabaliros (2334m) et décide de descendre en marchant car dans l'impossibilité de m'alimenter normalement je ne veux pas risquer la blessure ou l'hypoglycémie.
Je sais que je m'arrêterai à Cauterets car je n'imagine pas poursuivre encore 20h de course sans la possibilité de m'alimenter.
Après course et discussion avec Dawa Sherpa je pense que j'aurai pu continuer et j'aurai retrouvé de l'appétit, mais c'était après course...
Il est 9H40 quand j'arrive à Cauterets et malgré cet abandon, je confirme que cette épreuve est magnifique et que les Pyrénées sont les plus belles.
ça restera un souvenir magnifique, et comme me le disait Virginie, elle préfère me voir rentrer à mi parcours mais sans blessure car elle sait qu'un pépin qui m'aurait immobilisé aurait été dur à supporter.
Depuis cette course l'entrainement est reparti avec certainement une course en octobre ou novembre et les 2 objectifs de 2013 : les citadelles et l'ultra du Puy Mary.
Merci Virginie.